Voyage derrière le rideau de fer.

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jeepsaloon
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Voyage derrière le rideau de fer.

Message par jeepsaloon »

L'objet de ce récit est de présenter 2 visages à travers ce petit aperçu de ce qu'était la vie derrière le rideau de fer en pleine guerre froide.

Il est aussi un complément d'explication à une "photo quizz"
viewtopic.php?p=558725#558725

Le contexte:

Nous sommes en Juin 1970. A l'époque je bossais au département médical d' une grande multinationale américaine (celle du "Scotch ")
Cette année-là nous invitons une centaine de médecins (dont quelques grands professeurs des AP de Paris et de Marseille) à un congrès médical à Istambul.
A l'issu du congrès, comme cela se faisait beaucoup à l'époque, nos congressistes étaient conviés à une "disgression touristique". Et notre directeur marketing nous avait promis un séjour "surprise" dans une destination restée secrète. Et les surprises ne vont effectivement pas manquer, même si elles n'étaient pas toutes celles attendues. :hum:

Nous décollons donc d'Istambul. Au bout d'une heure de vol nous sommes quelque-uns à s'apercevoir ...que nous tournons en rond. (1ère "surprise", nous apprendrons le soir par la bouche de nos pilotes que le contrôleur de la tour de notre destination ne parlait pas Anglais ! Impossible donc d'atterrir. Incroyable chance, c'est le pilote Russe d'un avion cargo Canadien qui passait à proximité qui fit l'interprète et nous permit d'atterrir enfin à destination, sans savoir laquelle !)

Deuxième surprise: Curieusement l'appareil s'immobilise à bonne distance de l'aérogare et une longue attente commence. Au bout d'une heure nous voyons arriver une voiture noire de laquelle descendent 2 individus dont la tenue (manteau de cuir noir et chapeau à larges bords) ne laisse aucun doute sur leur fonction... :oo: Ils montent à bord , descendent lentement l'allée centrale s'adressant à chaque passager par un seul mot: "Passport". et ils repartent la collecte terminée.
Une longue attente encore et nous voyons enfin s'arrimer l'escalier de coupée.
Et c'est seulement à l'approche de l'aérogare que nous découvrons notre destination: Bapha Varna, Bulgarie, grand port sur la mer noire.
Nous sommes tous surpris par le "petit personnel" de l'aérogare (bagagistes, entretien) Ce sont exclusivement des femmes, encore que le doute puisse subsister vu leur accoutrement, des bleus de Shangaï, nivelant leurs formes.
Nous embarquons à bord d'un antique car Tatra, traversons une ville qui nous parait bien sinistre et arrivons enfin à notre destination finale, ROUSSALKA, et plus particulièrement dans ce qui nous semble "un club med" comme il en existait déja beaucoup en Europe.(créé 2 ans plus tôt, il sera effectivement racheté par le club Med quelques années plus tard et finalement repris par le gouvernement Bulgare)
3ème surprise (mais bonne cette fois -ci) Business oblige, malgré la guerre froide, le rideau de fer et le régime communiste, nous voilà projetés dans une enclave capitaliste ! Certes ce n'est pas du 5 étoiles mais le coin est magnifique. A l'exception du chef de village Français, tout le personnel est Bulgare. Personnel au demeurant fort accueillant et sympathique sauf bien sûr la barrière de la langue qui interdit tout échange (ce qui doit faire partie du règlement intérieur)
Le séjour est court mais s'avère fort agréable d'autant que nous étions quelques-uns à avoir découvert qu'en fin de service le personnel se réunissait dans une espèce de grotte au dessus de la station. Et là, la Slivovitz aidant (alcool de prune typique des Balkans. De fabrication locale il peut atteindre les 80° !)
Loin des oreilles indiscrètes les langues se délient et nous en apprenons un peu plus de la vie dans le coin. A l'évidence un coin de paradis pour eux qui se considèrent privilégiés, même si le règlement leur interdit de faire plus de 2 saisons successives ( ne pas prendre de mauvaises habitudes, quoi...)
Il est maintenant temps de repartir et nous revoilà au petit matin sur le tarmac de l'aéroport, observant notre appareil qui nous attendait au loin. Et longue attente encore , jusqu'à voir réapparaitre nos 2 mêmes lascars qui se dirigent vers notre avion dans lequel ils pénètrent. Longue attente encore jusqu'à ce qu'ils réapparaissent au pied de la coupée autour de laquelle nous nous réunissons.
Et là, à l'appel de notre nom, chacun récupère son passeport et peut enfin monter à bord.
Chacun peut y découvrir aussi la manière soviétique de se distinguer: sur la dernière page !

Image

Heureusement, les choses ont bien changé depuis et bien des clubs de vacance ont fleuri dans tout l'ancien bloc de l'Est grâce à la "Perestroïka".
Modifié en dernier par jeepsaloon le ven. 29 juin 18 15:46, modifié 1 fois.
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seb-anti-t
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Message par seb-anti-t »

:yes:
c'est le début d'un film
lilimag
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Message par lilimag »

Wow quelle expérience! :oo:
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jeepsaloon
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Message par jeepsaloon »

J'aurais bien d'autres anecdotes à raconter sur ce séjour particulier.
Je dirais simplement que plusieurs années après, ces mêmes "grands professeurs" de médecine, les mêmes qui s'étaient grandement offusqués sur le moment de l'accueil réservé par les autorités Bulgares, ne se souvenaient plus que des incroyables beuveries à la Slivovitz. :dac:
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Neoprene
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Message par Neoprene »

:mrgreen: pétard

Juin 70 :mrgreen:

J'étais encore au biberon que toi tu testais le 80% :oo:
le but de l'homme moderne sur cette terre est à l'évidence de s'agiter sans réfléchir dans tous les sens, afin de pouvoir dire fièrement, à l'heure de sa mort : Je n'ai pas perdu mon temps.
P.Desproges
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Message par stef83 »

Neoprene a écrit :J'étais encore au biberon que toi tu testais le 80% :oo:
L'un n'empêche pas l'autre :rien:
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